TUMULTE AUX URSULINES
(2006), 15 min,
Réalisé par Nicolas Droin, Laurent Navarri, Alexandre Deschamps
Conçu par Prosper Hillairet
Entretiens : Alain Virmaux et Prosper Hillairet
Retour dans les lieux de la Première du film de Germaine Dulac, écrit par Antonin Artaud, La Coquille et le clergyman, au Studio des Ursulines.
BLANCHE PIGALLE BARBES
Un film de Nicolas Droin et Prosper Hillairet
avec Jeanne Ben-Hammo
Parcours/hommage au film NEIGE
réalisé par Juliet Berto et Jean-Henri Roger
Tribut-Tribu, le film collectif en hommage à Jean Henri Roger, pour lequel Blanche Pigalle Barbès a été réalisé, est en ligne sur le site de l'Université Paris 8
Projections :
- Colloque Jean-Henri Roger, Université Paris 8, Saint Denis, septembre 2013
- Inauguration de la salle Jean-Henri Roger au cinéma LE LOUXOR, Paris, 19 décembre 2013
- Soirée Ciné Rue, Université Paris 8 - Saint-Denis, 6 avril 2018
A Toast to Alain Virmaux
How is it possible to capture and convey the passion and curiosity, the stories and questions, of someone who searched endlessly to find answers and to better understand the cinematic art that he so loved? How can one paint a portrait of a friend and mentor whom in his every look, gesture, and action carried this inquisitiveness, only to turn and share it with such generosity? How can one reckon with such a tremendous loss? These things escape the capacity of words.
I am regretful that I missed meeting Alain in Paris during my last brief passage. I will forever wonder what queries, or discoveries he wanted to share. Like many of the memories and questions he brought to the table for shared erudition in earlier days, such missed occasions no doubt exemplify the loss felt by many in our search to understand an ephemeral and fleeing past.The details of letters, scripts, unidentified photos, and so many missing links that were the object of his passion were always tied to bigger inquiries not only about surrealism or the avant-garde, but also to vital questions about cinema, art, politics, and the things that shape our consciousness.
What greater joy than to share such moments of synergy with Alain, whose curiosity and passion were always contagious. For those of us who knew him and his work, he will always be with us in spirit. I feel truly fortunate to have worked with him first on the English translation of his essay “Artaud/Dulac, Quelques élucidations sur une querelle mythique” in 1999, for a panel on “La Coquille et le Clergyman: film surréalist, féminist, abstrait”at the Musée d’Orsay in 2005, and finally on a short film bonus for the award winning DVD of this surrealist classic. Yet my greatest memories of Alain will always be inhabited by the precious moments and encounters in between, at an archive, at his apartment on rue St. Denis, or at a café over a glass of wine. For this, I raise a glass in memory and in celebration ofa dear and beloved confrère and friend Alain Virmaux.
Still today, in his memory, Alain is teaching us to stay curious, and passionate in our pursuits, and to remain grateful for the serendipitous travellers who accompany us along our way.
Tami Williams
Assistant Professor of Film Studies, University of Wisconsin-Milwaukee
D’Alain Virmaux, je garde le souvenir d’un chercheur infatigable, passionné, méticuleux et exigeant, doté de rares qualités humaines. D’une part, il aimait partager et transmettre. D’autre part, il était d’une vraie modestie, celle qui ne relève aucunement de la coquetterie. Ainsi savait-il écouter les autres, et se gardait-il bien de ne pas trop s’écouter lui-même, préférant se tenir à côté du faisceau du projecteur.
Nous nous sommes connus par le biais de ma Thèse de Doctorat sur Jacques Prévert, dont il a évoqué la parution dans Jeune Cinéma. Puis il m’a écrit, téléphoné, et petit à petit nous avons lié durablement connaissance. Enfin, il m’a associée – avec Prosper Hillairet – à un combat qu’il a porté plus d’un demi-siècle : sauver de la destruction un important fonds de scénarios. Nos dernières actions en la matière se terminaient toujours au café, autour d’un chocolat chaque fois teinté d’un nouvel espoir. Le dernier rendez-vous s’est fait sans lui. Prosper et moi-même avions promis de reprendre le flambeau. Son combat est gagné. Il ne l’aura jamais su. Nous espérons désormais que ce fonds portera son nom.
Je m’apprête à soutenir mon Habilitation à Diriger des Recherches. Elle a pour sujet le cinéma des poètes, et Antonin Artaud fait partie de mon corpus. Les échanges avec Alain me manquent. Mon HDR lui est dédiée – à lui et à Arlette Albert-Birot – en mémoire reconnaissante et heureuse.
Carole Aurouet,
Maître de conférences à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée
Je connaissais le nom d’Alain Virmaux avant de rencontrer l’homme. Éveillé, dès l’adolescence, à la poésie et au surréalisme, je me suis trouvé confronté, au milieu des années 1960, à quelques apories qui me taraudent encore aujourd’hui. Henri Langlois montrait régulièrement, à la Cinémathèque française, un programme intitulé “ Avant-garde dadaïste et surréaliste ” où l’on voyait, dans d’atroces copies 16 millimètres incomplètes, Ballet mécanique de Fernand Léger et Dudley Murphy, Un chien andalou de Luis Buñuel et Salvador Dali ou, encore, La Coquille et le clergyman de Germaine Dulac. Je découvrais Rimbaud, Artaud et, inconsciemment, ces films me semblaient être un prolongement visuel des écrits de ces visionnaires. Je fréquentais un peu quelques gens de plume, dont le dédain pour le cinéma finit par me faire changer de crémerie. On me soutenait que La Coquille et le clergyman était une « œuvre de faussaire ». Je ne comprenais pas.
En m’intéressant d’une manière de plus en plus intensive et précise au cinéma expérimental, j’ai eu conscience que les surréalistes que j’aimais, que je me plaisais à imiter parfois dans mes poèmes de jeunesse, méprisaient (à leur manière) le cinéma et le cinéma formaliste encore plus. Bien qu’appartenant à une avant-garde, ils souhaitaient qu’aucune avant-garde n’advienne dans le domaine du cinéma. Le cinéma n’était, pour eux, qu’un adjuvant au rêve, à l’inconscient. Évidemment, je simplifie !
La parution en 1976 de l’ouvrage Les Surréalistes et le cinéma, par Alain et Odette Virmaux, attira mon attention par son sens de la précision qui rompait avec les précédents ouvrages, celui d’un Ado Kyrou par exemple entièrement ancré dans la culture de la polémique. Un an plus tard, je commençais ma longue collaboration à la revue d’arts plastiques Canal (fondée par Alain Macaire) et dont un des membres dirigeants était Gérard Durozoi, un autre défenseur du surréalisme à l’esprit ouvert.
Je tenais la chronique cinéma depuis deux ans à la revue Europe, quand l’étude des Virmaux, Artaud/Dulac, La coquille et le clergyman, notes sur un film controversé (1986), y a été publiée : justice était enfin rendue à Germaine Dulac qui avait travaillé, contrairement à ce que soutenaient les surréalistes et une large fange de l’intelligentsia, en harmonie avec Artaud.
Je rencontrais Alain Virmaux à l’aube des années 1990. Il préparait un copieux Dictionnaire du cinéma mondial pour les Éditions du Rocher, qui allait sortir en 1994. Virmaux connaissait mon intérêt pour le cinéma expérimental, mais me précisa qu’il avait déjà attribué les entrées de cette catégorie de films à un autre critique. Qui s’en est fort bien tiré.
Je participais néanmoins à l’ouvrage avec un texte sur le cinéma fantastique et un autre sur le cinéma des Noirs américains. Ce dictionnaire présentait un ensemble de textes très dense sur le cinéma expérimental, sans équivalent dans aucune publication de ce genre, à l’époque. Il n’est pas exclu que les responsables de L’Encyclopædia Universalis aient lu l’ouvrage et m’aient proposé, dès le milieu des années 1990, de rédiger de nombreux textes sur le sujet.
Sans être devenu un intime d’Alain Virmaux, je le croisais souvent à la Cinémathèque ou il venait, jusqu’à ces dernières années : il avait une attirance marquée pour les vieux films français. Toujours à l’écoute des autres, toujours attentionné, c’était un plaisir de parler avec lui.
J’ai suivi, parce que c’était quelque chose qui me préoccupait depuis longtemps, ses travaux de légitimation de La Coquille et le clergyman. J’ai écrit, dans le numéro 978 d’Europe (octobre 2010), un long article élogieux sur la mise à jour (qu’on pourrait dire définitive) de son étude sur les rapports Dulac/Artaud, à l’occasion de la publication du coffret édité par Light Cone et Paris Expérimental qui comprenait le texte et le film, avec de nombreux bonus.
Raphaël Bassan
Ecrivain, critique de cinéma